Prenez les élections de dimanche, ses résultats, l’enthousiasme de certains et la peur des autres, l’idée ou plutôt les idées que chacun se fait de ce que serait la République, de la Révolution de nos jours sans manquer d’y ajouter sa propre référence historique. Prenez toutes les cuisines locales et nationales pour tenter de donner une réponse aux craintes inspirées par un parti que ceux du sérail dénoncent d’une façon ou d’une autre, car on voit cette fois le ton du mépris se teinter d’un cynisme politique inspiré par l’idée d’une potentielle récupération de ses idées. Surtout, prenez la France et constatons ensemble que nous ne parlons que de la moitié de la France et que le parti qui comptabilise, à ces élections ou aux précédentes, 30% des voix, ne représente « que » 15% des Français sur la base du taux d’abstention de ces dernières élections. Plutôt que de mener des combats qui s’apparentent de fait à une « délégitimation » du suffrage universel, à un sentiment de panique à bord, plus ou moins justifié, il faut donner une réponse aux 50% des Françaises et Français abstentionnistes ou non inscrits. Il m’apparait difficile qu’en démocratie nous puissions faire abstraction de l’avis de 50% de nos concitoyens – abstentionnistes, non inscrits ou votant blanc, à moins que ceux ci ne veulent exprimer à leur façon un raz le bol ou une complète indifférence à la vie politique existante. La première réponse qui vient immédiatement à l’esprit consiste à rendre le vote obligatoire (*), cumulé à l’automatisme de l’inscription sur les listes électorales, réflexe facile et somme toute logique dans une réflexion sur les droits et devoirs du citoyen mais qui ne peut se justifier que par la valorisation simultanée du vote blanc. Pour valoriser ce vote blanc, dénigré par le passé en « voter blanc c’est voter rouge » – slogan qui aujourd’hui pourrait devenir « voter blanc c’est voter bleu marine » – on ne peut se contenter de le comptabiliser. Il faut introduire un mécanisme de sanction efficace et audacieux – car qu’adviendrait il si lors du décompte électoral le bulletin blanc devait représenter plus de 51% de nos concitoyens. Il nous faut donner une réponse, une réponse qui s’invite aussi comme solution aux craintes, aux angoisses, au déchainement des passions, mais surtout une réponse démocratique : Imaginons par conséquent ce modèle de fonctionnement : dans le cas où le vote blanc atteindrait la majorité absolue, les élections seraient immédiatement annulées, l’équipe sortante serait reconduite pour une durée maximale de 6 mois afin que de nouvelles élections puissent dans ce laps de temps se tenir. Nous y ajoutons une condition impérative : tous les candidats, tous, battus par le vote blanc, quel que soit leur parti, ne seraient en aucun cas autorisés à se représenter à l’élection suivante. A la nouvelle élection pourraient ainsi se présenter de nouveaux responsables avec les mêmes partis ou sous de nouvelles étiquettes, engendrant un immédiat renouvellement des élites – car il est légitime de penser que des responsables qui ont échoué par le passé ne puissent s’improviser réformateur à chaque veille d’élections. En somme, les candidats déchus du premier suffrage gagné par le vote blanc devraient, au moins, « sauter un tour ». Rendons le vote et l’inscription sur les listes obligatoires et conférons au vote blanc sa légitimité et son importance par un mécanisme simple et clair, qui renforce notre démocratie et favorise le renouvellement de notre classe politique ! Voici la recette que les réflexions de dimanche dernier devraient nous inspirer. Mais il y a fort à craindre que nos élus, ceux qui se cachent dans les cuisines ou ceux qui capitalisent de fait en partie le vote contestataire qui ne peut s’exprimer dans le vote blanc à ce jour, ne favorisent jamais cette solution car elle les remettrait tous, bien tous, en cause. Dommage que nous nous trompions de débat pour promouvoir et défendre notre démocratie. (*) on a bien rendu depuis des années le système bancaire obligatoire ajoutant par le paiement des frais que les banques nous imposent une taxe « privée » aux taxes d’Etat…
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