La dernière interview a été remplacée par une réponse sur la politique culturelle en Europe donnée sur un quotidien italien, mais à propos comment positionnes tu les origines de l’Europe dans ce contexte culturel?
Tout d’abord les origines: Il y a quelques années, précédant Lisbonne, il y a eu un long débat sur les racines de notre Europe et il n’est peut-être pas inutile d’imaginer combien les lobbies en tout genre ont pu se mobiliser sur cette question. Je considère personnellement que la formulation la plus adéquate serait de parler des racines pagano-judéo-chrétiennes, sans limite temporelle et régionale. Une telle référence aux racines n’ôte en rien aux évolutions de la pensée, aux interprétations du progrès, des droits de l’homme, de la laïcité, tout au contraire puisque ces dernières se construisent par rapport aux premières.
Puis plus récemment, comme je le rappelle dans mon papier, il y a la question des enjeux et politiques culturelles post seconde guerre mondiale: la vision américaine, la complicité de Jean Monet, nos renonciations successives. La prise de conscience d’un passé, des erreurs commises, ne devrait pas donner lieu à des débats une nouvelle fois fratricide, mais plutôt nous orienter à définir pleinement et indépendamment de l’ouest et de l’est nos choix et nos politiques. Nous ne sommes plus en position de faiblesse si nous nous nous prenons en main, et pas seulement d’un point de vue culturel. Au risque de choquer, il faut une volonté stratégique qui mette la culture au moins au même niveau que l’industrie de l’armement. C’est une guerre et les américains l’ont bien compris. Comme toujours il faut avoir le courage de s’en prendre à nous mêmes et pas à ceux qui accompagnent leurs choix et intérêts.
Plus que jamais entrons dans les sujets « chauds », non pas en terme d’actualité car depuis le début de ces interviews imaginaires nous avons clairement opté pour ne pas nous calquer à l’événementiel, mais pour clarifier des positions sans ambiguïté. Peut on parler de races?
Sans l’ombre d’un doute et sans complexe. En ce qui me concerne, tant chez l’humain que dans le monde animal, les races existent et nous différencient. Récemment on semble préférer le mot diversité à la différence: les hypocrisies de langage ne cessent de s’accumuler. Sans rien ôter au fonctionnaire de banques aujourd’hui qualifié de « conseiller financier », je ne vois pas pourquoi le serveur de restaurant ne serait pas à son tour qualifié de « conseiller gastronomique »….j’ai encore en mémoire le jour où, souhaitant travailler comme éboueur, on me reprit pour parler d’agent écologique…Mais revenons aux races, elles existent, c’est du bon sens; en revanche ce qui devrait être sérieusement condamné ce sont toutes les théories sur les prétendues supériorités de telles races ou tels peuples sur d’autres… en ce qui me concerne ce genre d’approche tient d’une forme d’arrogance malsaine qui appartient à tout individu ou association d’individus qui, au nom de je ne sais quoi – c’est fort variable -, prétend détenir une vérité qui par définition ne peut être celle de l’autre, de l’antagoniste, du différent. Il y aurait ainsi une sorte de premium à qui, pour premier, écrirait les « règles du jeu », c’est inadmissible. Cependant, quand on y pense, cela remet en cause beaucoup de « classements »: les situations économiques des pays (AAA &co), les modalités de classement des universités dans le monde ou même des hôtels. En conclusion, c’est l’idée qu’un groupe puisse penser détenir des vérités, fixer les critères de sélection, qui conduit aux « racismes »; l’erreur est de vouloir penser combattre le racisme en niant les races! Il ya tant de richesses dans nos différences!
Quels dangers encourt notre société?
Immense question: elle devra faire l’objet de plusieurs réponses, mais si je devais identifier le premier des dangers, je commencerais par dénoncer « le tout sécuritaire ». J’y vois le cancer de l’esprit, de l’initiative, de la prise de risques, de la personnalité. Nous vivons des politiques orchestrées par des Etats et les lobbies qui les y poussent sans une réelle capacité d’interactions car elles se dissimulent souvent derrière une légitime attention. Tout est conditionné par la sécurité. Nous sommes de plus en plus confinés dans l’esprit et maintenant physiquement… Ce conditionnement sécuritaire s’accorde fort bien de deux « piliers constituants des mentalités »: le réflexe « avocat »…cette fâcheuse tendance à porter plainte plutôt que d’affronter socialement le problème et le réflexe « assurance »… on assure tout et de plus en plus. En cela il y a dans ces deux configurations transfert de la responsabilité.
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