Aude à Moscou…
Faux départ…
En 2017, j’écrivais ces quelques lignes qui accompagnaient mon départ de Moscou. J’ignorai alors que ce serait un faux départ…
Moscou, 15 juin 2017, il pleut, je pleure. Ce matin je clos un chapitre, je laisse derrière moi une fantastique histoire d’amour avec une ville et avec ses habitants.
Je les avais croisés sur les ruines de l’URSS et à la veille d’une Russie renaissante, au passé si lourd à porter, titubante mais qui, passée une décennie traumatique, a su retrouver une fierté, se consolider et se développer, même si parfois au prix d’efforts douloureux, d’incompréhensions et d’erreurs.
Moscou, je me rappellerai de toi, de tes théâtres, de cette atmosphère ludique, de ta propreté, de la sécurité, aussi efficace que discrète, de tes profonds changements au service du mieux vivre: trottoirs, illumination – une vraie ville lumière – de ces incroyables décorations de Noël ou de Pâques, lutte contre la prolifération des voitures, pistes cyclables, respect des passages piétons (même par ces grotesques jeep mercedes noires), balançoires, voies sur berges élégantes, parcs, jardins où les détails du confort et le respect du bien public sont de règle…de ton métro rapide, efficace, super propre,
Moscou, je me rappellerai de toi, de ta puissance et de ton identité et de tes racines que tu affiches et que les sanctions, paradoxe de l’arroseur arrosé, n’ont fait que renforcées, mais aussi de ta volonté de t’ouvrir sur le monde,
Moscou je me rappellerai de tes séductions, quand l’hiver tu t’habilles de ce blanc, où rentrant chez soi, il fait bon se blottir ou quand, le printemps revenu, tu te couvres de dessins fleuris aux couleurs étincelantes, de tes cieux profonds et lumineux…
Moscou, je me rappellerai de tes marchés où les saveurs oubliées sur nos étales programmées rivalisent avec la séduction du regard,
Moscou, je me souviendrai de tes nuits et de la police qui vient nous rappeler à l’ordre quand la musique et le bruit dérangent le repos du voisin (j’ai pu m’en plaindre, mais pensant à la culture de l’irrespect qui caractérise Roma, je me suis dit que c’était bien de pouvoir compter sur des règles de bon usage du voisinage:), de ces apéros improvisés sur les quais, des nuits sans fin pour jeunes et moins jeunes, pour hétérosexuels et homos,
Moscou, je me souviendrai de mes ami(e)s que je ne manquerais pas de venir revoir dès que possible les Irina, Maya, Yakut, Boris, Alexander, Natasha, Elena, Olga, Vera…. et de cet ami mort Nikolai,
Moscou, je me souviendrai aussi de toi pour cette fascination que tu as de Napoléon…jusqu’à en faire un le dessert national – comment pour ceux qui me connaissent en faire abstraction –
Moscou, tu séduis aussi très souvent , presque toujours, le visiteur qui se trouve vite désemparé par la contradiction entre ce qu’il peut en savoir par nos médias et ce qu’il découvre réellement…
Bien sur Moscou tu as tes excès, tes douleurs, tes problèmes, tes enjeux, tes erreurs, …mais ils font partie d’un grand tout qui restera en moi, tout comme le coeur de mon âme restera dans cette Russie que j’aime.
Au risque d’être banal, ce n’est qu’un au revoir…
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