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Désescalade? comment?

Le Président Macron à la suite de plusieurs entretiens téléphoniques avec ses homologues allemand, américain, russe, ukrainien, etc… a entrepris en février une tournée diplomatique au nom d’une volonté affichée de désescalade: marathon diplomatique  ou gesticulation pré-électorale?

S’agit il d’un voyage dans un « monde compliqué avec des idées simples » (*) ou dans un monde compliqué avec des idées vieilles?

En guise de préambule, convenons que la diplomatie authentique ne se prête guère à la twitterisation du monde environnant, tant les mots et le temps y sont les deux axes des coordonnées de référence; par conséquent prêtons nous à une  réflexion diplomatique et pour cela clarifions  les règles du jeu, les conditions de négociation et les perspectives.

Les règles du jeu: elles trouvent leur racine principale au lendemain de la seconde guerre mondiale. Un monde libre s’oppose désormais à l’emprise stalinienne et soviétique sur des pays européens – et pas seulement – qui se retrouvent sous son joug idéologique et économique alors que l’ouest de l’Europe se reconstruit aussi accompagnée du  plan Marshall (avec tout ce qu’il peut comprendre de conditions qui conditionneront notre vision du monde) et grâce aux desseins du Général de Gaulle pour la France et pour l’Europe; des alliances militaires aussi se mettent en place, l’OTAN face au Pacte de Varsovie, la guerre froide peut enfin commencer.

La chute du mur en 1989 rebat les cartes. Le Pacte de Varsovie disparaît. L’OTAN, non seulement se maintient, mais, en dépit d’une promesse faite à l’URSS devenue Russie de figer sa présence géo militaire –  (la consistance de cette promesse non écrite fait encore débat) – l’OTAN poursuit son extension à l’est, se rapprochant et touchant même parfois déjà les frontières de la Russie. 

De quoi se poser la question légitime: mais si les russes avaient des troupes au Mexique, comment réagiraient les américains. La crise de Cuba des années 60 nous fournit la réponse. Seuls certains pays devenus indépendants à la suite de la disparition de l’URSS, comme la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine etc… restent officiellement encore hors jeu des alliances ou appartenances.

Dernière composante essentielle des règles du jeu, à la disparition du pacte de Varsovie et de l’URSS 1991 correspond une réalité non encore métabolisée chez nos dirigeants: la guerre froide est terminée et remonte au siècle dernier. La Russie de Poutine ne veut exporter aucune idéologie – la vocation impérialiste de l’URSS c’était l’exportation du communisme, de la dictature du prolétariat en alternative direct avec l’impérialisme américain, la Russie de Poutine ne veut exporter que des matières premières; dans son quotidien elle nous ressemble, quand elle ne nous copie pas à l’excès.

On vit aujourd’hui à Moscou comme à Londres. Et portant  il semble que l’occident ait un besoin inassouvi de réflexes de guerre froide, pas seulement pour alimenter les scriptes hollywoodiens et ses industries de défense!

Les conditions de négociation;

La connaissance de ces règles du jeu permet d’aborder le jeu « désescalade » de manière bien plus pragmatique. Elles deviennent ce que les anglo-saxons dans la rédaction de leur contrat qualifient dans les conditions générales de « whereas », une espèce de « étant donné, étant acquis »… Dans une négociation, on identifie d’abord ce qui n’est absolument pas partagé, pas négociable, de part et d’autre, au regard des réalités photographiées. Dans ce cas précis, il y a deux éléments indiscutables: l’OTAN ne fera pas un mètre de marche arrière quels qu’aient pu être les supposés engagements de non élargissement au lendemain de la chute du mur et la Crimée restera russe. 

A noter qu’un décryptage attentif des premiers commentaires français post visite du Président Macron amène à pouvoir  s’interroger sur la nature des frontières ukrainiennes évoquées et penser que l’acceptation de la Crimée russe pourrait désormais faire intelligemment partie de la solution. 

Enfin, une vraie ligne rouge existe sur l’hypothèse d’adhésion à l’OTAN de certains pays limitrophes de la Russie.

Les perspectives:

La partie négociation se révèle ainsi plus débroussaillée des blocages pré existants. Il y a bien entendu le devenir et la sécurité de l’Ukraine, la sécurité euro-russe et la sécurité mondiale. Une alternative s’impose à toute nouvelle adhésion à l’OTAN. 

L’Ukraine est un pays de trente ans, dont l’histoire de son peuple la place aux origines même de la Russie, d’où le lien étroit entre ses populations. Mais dès sa naissance, résultante de son indépendance, son histoire se retrouve lacérée par des guerres internes entre oligarques ukrainiens mais aussi par des erreurs politiques de Moscou à son égard. Le résultat pour sa population est catastrophique. La future solution doit en tenir compte.

Dernier élément déclencheur des tensions, la main mise du pouvoir politique ukrainien sur le transit du gas russe sur son territoire – et les rentes colossales qui en dérivent – mises en péril par Nord Stream 2 qui contourne les frontières ukrainiennes mais aussi polonaises.

Si le calcul des missiles et des têtes nucléaires reste un exercice global et nécessaire d’inventaire, aussi au regard des accords remis en cause par les USA,  il ne peut être considéré que comme partie marginale de la solution car nous ne sommes plus en guerre froide! 

En revanche la sécurité euro-russe, dans sa réciprocité, devient l’axe porteur de la solution, offrant une occasion à l’Europe de se redéfinir entre les parties, et à l’Ukraine une existence pacifiée. Les sanctions levées de toute part, une Ukraine inspirée des accords de Minsk, devenue plus fédérale pour mieux répondre aux préoccupations ses régions, ne pourrait que bénéficier économiquement et politiquement d’une région tranquillisée.  

Nous ne sommes toutefois pas à l’abris d’un incident déclencheur du désastre ou d’une nouvelle surenchère qui pourrait amener la Chine à passer d’un soutien affiché à une implication plus militaire, en organisant à titre d’exemple des manœuvres au large de Taiwan. La présidence américaine semble désormais consciente que le danger, le rival est chinois. Aussi l’Europe doit elle réussir à reprendre l’initiative, loin des conditionnements d’outre atlantique ou des pays qui ont tristement subi le joug soviétique dont leur mémoire ne s’est pas encore libérée.

C’est pourquoi des idées simples associées à un courage de realpolitik inscrites dans le XXIème siècle s’imposent plus que jamais. La simplicité n’est pas forcément naïve quand elle s’inscrit dans un parcours aussi historique que réaliste. L’occasion se présente pour reconstruire un axe euro-russe si naturel culturellement, géographiquement, géopolitiquement.

(*) Général de Gaulle à la veille d’un voyage au proche orient

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